1979-2019 : 40 ans au service de l’artisanat !
En 1979, avec la création officielle d’une Chambre consulaire dédiée au « secteur des métiers », l’artisanat émerge dans une économie jusqu’ici bipolaire et prend peu à peu sa place en tant que nouvel acteur du développement et de l’aménagement du territoire. Il pèse aujourd’hui 169 milliards de chiffre d’affaires et regroupe plus de 16 000 actifs. Depuis 40 ans, la CMA-NC les accompagne dans leur réussite et représente leurs intérêts auprès des acteurs socio-économiques.
Ambitions et naissance
A la fin des années soixante-dix, une poignée de professionnels se fédèrent autour d’intérêts et de valeurs communes au sein du « Groupement des métiers ». A sa tête, un homme énergique, Raymond Bouvard, plombier.
Entouré d’une petite équipe, il a pour ambition de valoriser un nouveau secteur économique, en dehors de ceux de la mine et du commerce d’importation, qui bipolarisent alors l’économie.
Il souhaite faire reconnaitre les spécificités des artisans, travailleurs indépendants exerçant des métiers manuels qui mobilisent des savoir-faire techniques et qui produisent de la valeur ajoutée.
Il désire aussi répondre aux besoins de leurs entreprises équipées en machines, familiales, à taille humaine, et détenues en capitaux propres, ainsi que sécuriser leur transmission par des formations adaptées en proposant le système d’apprentissage.
Selon lui, faire exister l’artisanat en tant que tel commence par sortir du giron de la CCI, dans laquelle la représentation artisanale serait « diluée ». Selon le principe que les artisans ne seront jamais mieux représentés, conseillés et soutenus que par eux-mêmes, leur voix est entendue et comprise.
Le 14 août 1979, la Chambre « des métiers » est créée par délibération de la Nouvelle-Calédonie, sa collectivité de rattachement. Elle forme un établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Nous sommes 54 ans après la loi portant création des Chambres de métiers votée dans l’hexagone en 1925 qui vise à « donner aux professions des organes leur permettant d’exprimer officiellement leur avis sur les sujets qui les concernent ».
Avec très peu de moyens, en sillonnant les routes non asphaltées du Caillou, on s’attèle d’abord à recenser un à un les artisans en milieu tribal, rural et urbain. Ce comptage donne lieu à la création du Répertoire des métiers (RM).
En 1985, l’existence du « secteur des métiers » se concrétise avec 2 500 professionnels répertoriés dans le Bâtiment, l’Alimentation, la Production-Fabrication et les Services à la personne. C’est la naissance de l’artisanat calédonien.
Il a désormais des contours définis, qui lui sont propres, écrits noir sur blanc dans un fichier dédié et évolutif qui cartographie métier, lieu d’implantation, modalités d’exercice de l’activité, caractéristiques du matériel, des locaux, identité des chefs d’entreprise, et de leurs salariés appelés alors compagnons.
Représentation du secteur économique
Le RM est pour la Chambre consulaire le point de contact permanent avec ses ressortissants. Mis à jour quotidiennement pour les formalités (immatriculations, radiations, modifications), il est aussi une porte d’accès vers des prestations naissantes d’information, d’orientation, de conseils et d’accompagnement.
En outre, le RM offre une vision en temps réel du secteur économique et permet des analyses statistiques indispensables pour mettre sur pied et ajuster les actions de la Chambre. Il est au fondement de sa première mission qui est d’agir pour que la place de l’artisanat soit reconnue, au niveau communal, provincial et territorial.
Via ses élus consulaires, qui sont également artisans et connaissent bien les réalités du terrain, la CMA-NC représente les intérêts généraux de l’artisanat et intervient pour renforcer leur prise en compte dans les lois, les réglementations et les normes, les programmes de développement et d’aménagement du territoire. L’objectif est que les entreprises artisanales bénéficient d’évolutions favorables à leur maintien et leur expansion.
Aujourd’hui, la CMA-NC est active via une cinquantaine de représentations extérieures. Conseillers techniques et élus consulaires contribuent à des travaux diversifiés et rendent chaque année une vingtaine d’avis. C’est par ces actions que l’environnement des entreprises artisanales a été amélioré avec des dispositions répondant directement aux besoins des quatre secteurs artisanaux.
Accompagnement des entreprises
Au-delà de sa mission de porte-parole du monde artisanal, la Chambre consulaire agit au quotidien pour l’entrepreneuriat : la création des entreprises, leur croissance, leur structuration et leur transmission. Accompagner les dirigeants en les aidant à concentrer leurs efforts sur leur savoir-faire et leur outil de travail est la seconde mission de la CMA-NC. Est ainsi inscrite dans ses statuts “la création de services et d'outils communs permettant d'améliorer la rentabilité des entreprises, la qualité des produits et des services, les techniques, méthodes de production et de commercialisation ». *
Dès 1987, le soutien comptable aux professionnels est une priorité. Un Centre de gestion des métiers est créé à Koné et à Nouville. Deux ans plus tard, un lieu d’exposition et de promotion est érigé à proximité : c’est la Maison des métiers, devenue Maison des artisans, dotée de 13 ateliers-boutiques.
En l’espace de 5 ans, le nombre d’entreprises artisanales a presque doublé. 4 700 établissements sont répartis dans les 3 provinces en 1990. Les 4 années suivantes, 3 antennes décentralisées en province Nord voient le jour : à Poindimié, Koumac et Koné. Un relais est également instauré à Lifou via la Case de l’entreprise. L’offre de services de proximité s’étoffe en matière juridique, fiscale, sociale, commerciale, et financière.
Formation des artisans de demain
Parallèlement, les entreprises réclament une main d’œuvre formée, qualifiée, diplômée pour leurs métiers qui s’apprennent par la pratique et le geste. « Organiser l'apprentissage dans le secteur des métiers » est la troisième mission cardinale de la Chambre consulaire. Tout comme « favoriser la promotion professionnelle des chefs d'entreprise et des salariés du secteur ». Les enjeux sont de taille, car en dix ans, le nombre de ressortissants de la Chambre consulaire double encore. On dénombre près de 9 000 entreprises en 2000.
Les premières “classes d’apprentissage” avaient été mises en place sous l’égide de la Direction du travail, à la fin des années 80, pour la coiffure et la boucherie uniquement. Grâce au soutien financier du Fonds européen de développement, le Centre de formation d’apprentis Lucien MAINGUET sort de terre en 1993, avec de véritables plateaux techniques et une pédagogie adaptée pour une vingtaine de sections menant à des diplômes de l’Éducation Nationale. Ce sera le 1er du genre dans le Pacifique, et c’est toujours le seul aujourd’hui.
En 2015, sa rénovation et son extension affirment la double expertise de l’établissement : formation initiale en alternance et formation professionnelle continue. Rebaptisé Centre de formation de l’artisanat, il contribue actuellement à la qualification de plus de 1 000 personnes chaque année. Il leur permet à la fois de trouver de futurs salariés diplômés, mais aussi de progresser dans les techniques propres à leur métier et dans le pilotage administratif de leur entreprise.
Action en réseau
La décennie passée voit la présence consulaire s’intensifier encore. Les effectifs de l’artisanat culminent à 12 000 entreprises en 2012 : c’est le temps des grands chantiers et de la construction de l’usine du Nord. Une quatrième antenne vient d’ouvrir à La Foa. A Nouville les locaux historiques de la CMA-NC sont agrandis et rénovés en 2013. En 2014, la construction du Pôle artisanal PANDA, avec ses 19 docks destinés à la location, répond à un impérieux besoin d’immobilier d’entreprises à la périphérie de Nouméa, spécialement calibré pour les structures artisanales. La cinquième antenne CMA s’y adosse dès 2016. Quant à l’antenne de Koné, qui a soutenu les profondes mutations de la zone VKP, elle dispose de nouveaux locaux en 2017.
La Chambre de métiers et de l’artisanat poursuit ses objectifs : Accompagner la dynamique artisanale et apporter son expertise au plus grand nombre. Elle dispose pour cela d’une architecture matérielle et humaine solide. 82 collaborateurs répartis dans 10 structures d’action agissent aujourd’hui en réseau, animés de valeurs intactes depuis 40 ans : Équité, entre-aide, proximité et pragmatisme.
Les services consulaires demeurent gratuits en quasi-totalité afin de les rendre accessibles sans frein financiers. Ils sont aussi disponibles sur l’ensemble du territoire pour que près de chez soi chacun trouve un appui sans frein géographique.
Ce réseau s’inscrit dans une démarche d’amélioration constante de la qualité de ses prestations. Les partenariats tissés par la CMA-NC avec les acteurs socio-économiques et les institutions s’inscrivent désormais au-delà du cadre local, à un niveau régional via des liens resserrés avec les autres CMA d’Outre-Mer et à un niveau national avec CMA France.
Avec les CMA, l’artisanat a de l’avenir
C’est ce chemin parcouru qui est célébré en 2019. La vitalité et l’expansion de l’artisanat ainsi que la capacité de la CMA-NC à accompagner et soutenir ce développement, en intervenant à trois niveaux à la fois :
- Global pour l’intérêt général de l’artisanat
- Sectoriel pour le Bâtiment, Production-fabrication, Alimentation et Services à la personne
- Individuel enfin pour les entreprises elles-mêmes, pour leur chef, leur conjoint, leurs salariés et leurs apprentis.
A l’aube de 2020, La CMA-NC est au service de plus de 16 000 actifs : 300 alternants, près de 6 000 salariés et 10 500 chefs d’entreprise, exerçant 287 activités distinctes.
Chaque année, 200 clients font appel à notre Centre de gestion des métiers. 700 professionnels exposent à la Maison des artisans, visitée par 75 000 chalands. Pour l’alternance, les résultats sont probants avec 89 % de réussite aux examens et près de 8 diplômés sur 10 embauchés immédiatement à la fin de leur cursus. Enfin, en matière de développement économique, plus de 6 000 prestations personnalisées sont réalisées par nos conseillers suite à une demande d’appui.
Dans un contexte en mutation (transition énergétique, vieillissement de la population, dématérialisation croissante, cadres normatif et réglementaire mouvants, conjoncture morose…), la Chambre de métiers et de l’artisanat est plus que jamais aux côtés des artisans pour, ensemble, relever les défis de demain.