Pour ses premières visites de terrain et de dialogue avec les ressortissants de la Chambre consulaire et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la nouvelle présidente, Elizabeth Rivière, a tenu à rencontrer au sein de leurs établissements 2 dirigeantes d‘entreprises artisanales.

Il s’agit de Annabelle Achri, gérante de Pano Service située à Ducos, entreprise spécialisée dans la pose d’enseignes et films solaires, et de Eseka Humbert, gérante de Eseka, entreprise de couture spécialisée en vêtements traditionnels installée au centre-ville de Nouméa.

Pano Service existe depuis plus de 20 ans et a été reprise en 2018 par Annabelle une de ses salariées. L’entreprise a su tirer son épingle du jeu durant le confinement et la crise sanitaire. En effet, les gérants, Annabelle et Anthony son mari ont reçu beaucoup de demandes dans le domaine de l’habillage de véhicules sanitaires, ainsi que pour de la signalétique rendue nécessaire dans le cadre des mesures sanitaires. Les bonnes nouvelles s’enchaînent et l’entreprise se diversifie pour toucher le secteur de l’habitat, son effectif s’agrandit à 3 employés et 1 alternant, la structure familiale est en pleine essor.

Quant à Eseka Couture pas de reprise d’entreprise, mais une création à l’initiative de sa fondatrice Suzanne Kai en 2006. Tout débute dans son cercle familial à qui elle vend ses créations, et de bouche à oreille, elle étend sa zone de chalandise sur sa tribu puis sur l’île de Lifou. Eseka ne s’arrête pas là, elle se délocalise sur Nouméa, prend un local sur Ducos, puis inaugure sa boutique de prêt-à-porter en plein cœur de ville en 2020.

Elle élargit son prisme avec des collections pour homme et enfant, une page Facebook professionnelle qui regroupe plus de 20 000 abonnés et des partenariats comme avec le comité Miss Nouvelle Calédonie. Attentive à son impact sur l’environnement elle développe ses propres techniques de teintures naturelles et met un point d’honneur à réutiliser recycler et réparer les vêtements usagés qu’on lui confie pour leur redonner une seconde vie.

Des échanges riches, qui se poursuivront sur le terrain lors de prochaines visites auprès d’autres chefs entreprise, prévues dans le grand Nouméa mais également en brousse, dans les zones d’intervention des antennes ( la Foa, Koné, Koumac et Poindimié).

La Nouvelle-Calédonie compte 4 400 femmes, pilotes ou co-pilotes d’une entreprise artisanale en 2021 (hors salariées).

Parmi elles, 2 708* sont à la tête de leur établissement, soit + 3% comparé à 2020. Elles représentent désormais 25% des dirigeants d’entreprises artisanales locales, contre 21 % il y a 10 ans. Le territoire dépasse aujourd’hui légèrement la moyenne nationale**.

2 172 exercent leur activité en province Sud (24 % des cheffes), 395 en province Nord (28 %) et 141 en province des Îles Loyautés (30 %). Le secteur des services à la personne est celui où elles sont les plus présentes : 58 % des établissements dirigés par des femmes s’y concentrent, avec des métiers ultra-féminisés tels que coiffure, esthétique, laverie, services administratifs ou nettoyage.

En matière de créations d’entreprises la féminisation a fait également de notables progrès : les porteuses de projet représentent 35 % des nouveaux entrepreneurs de l’artisanat en 2021, contre 25 % 10 ans plus tôt.

Les femmes sont donc de plus en plus nombreuses à s’engager dans l’aventure entrepreneuriale et artisanale. Leur motivation ? Des perspectives d’activité très variées (290 métiers distincts dans l’artisanat calédonien). L’opportunité d’installer son entreprise sur son lieu de vie, aussi bien à Nouméa et sa périphérie, qu’en milieu rural ou tribal. La volonté de gagner une autonomie financière en créant son propre emploi. Une flexibilité attractive, avec peu d’investissement de départ et sans forcément de local commercial : une activité pouvant être aussi exercée de chez soi, en ambulant ou à domicile. L’envie de se dégager du temps de façon à trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, qu’elles mènent souvent de front. Ou le besoin de redonner du sens à une trajectoire professionnelle en travaillant de ses mains.

En plus des cheffes d’entreprise, on estime à 1 700 le nombre de femmes qui collaborent directement à l’activité de leur conjoint artisan*** pour les missions de production, comptabilité, gestion de tâches administratives ou de vente. Cette entraide familiale est essentielle pour le développement des entreprises artisanales.

Au sein même de la CMA-NC, le poids des femmes est devenu significatif depuis les élections de 2019 avec 10 femmes élues sur 24. Puis, février 2022 a vu l’élection de la 1ere femme présidente depuis la création de la CMA-NC il y a 42 ans.

*Chiffres issus du Répertoire des métiers de la CMA-NC au 31 décembre 2021.
** 23 % Moyenne métropole - source CMA France 2021.
***Estimation CMA-NC- Source enquêtes Iscope 2020 et 2021.