Créé le 25/03/19
Mise à jour le 1/04/19

conjoncture artisanale 2018

L’économie calédonienne semble avoir été marquée par deux tendances différentes au cours de l’année dernière. En effet, si les deux premiers trimestres 2018 s’inscrivent dans la stabilisation ressentie en 2017, le troisième trimestre présente une situation plus ralentie et empreinte d’un climat d’incertitude. Le secteur de l’artisanat évolue, dans ce contexte, selon deux trajectoires distinctes.

La morosité gagne l’artisanat

L’artisanat représente 11 049 établissements au 31 décembre 2018. Pour la seconde année consécutive, le stock d’entreprises reste stable. L’année 2018 est marquée par une rétractation des créations (-3%), après la reprise observée en 2017. Toutefois, la tendance à la diminution des radiations se confirme.

L’activité régresse en 2018 pour près de la moitié des entreprises, soit une proportion de 13 points supérieure à l’an dernier. Ainsi, elles ne sont plus que la moitié à avoir maintenu ou développé leur activité contre les 2/3 en 2017. Le contexte économique et politique est l’argument le plus souvent mis en avant pour expliquer la baisse d’activité. La situation de trésorerie s’est elle aussi dégradée, avec une progression de 4 points des entreprises en difficulté de trésorerie.

Cette situation sous tension a eu un impact sur la sous-traitance, qui décline de 13 points. Malgré tout, les effectifs se maintiennent. L’emploi salarié poursuit sa progression pour la deuxième année consécutive (+4%) d’après les données ISEE-CAFAT pour les trois premiers trimestres 2018, avec un nombre d’entreprises artisanales employeuses qui reste stable. L’investissement se poursuit dans les mêmes proportions, et avec un montant moyen investi en progression.

Subir la conjoncture ou s’adapter

Ce cadre général cache des disparités à tous les niveaux : entre les entreprises elles-mêmes, les secteurs d’activité et au sein des territoires. Face à un volume d’activité qui fléchit pour une part grandissante des entreprises artisanales, les indicateurs relatifs au chiffre d’affaires et au revenu des chefs d’entreprise montrent qu’un écart, constaté depuis trois ans, continue à se creuser entre une frange d’entreprises ayant été capables de s’adapter aux évolutions de la conjoncture et une part non négligeable d’établissements ayant des difficultés à se maintenir. Par ailleurs, le ralentissement économique est plus marqué pour le secteur du bâtiment, poids lourd de l’artisanat. Les trois autres secteurs présentent une situation plus ambivalente, révélant que les entreprises interviennent sur leur trésorerie, sur la sous-traitance ou sur l’emploi pour y faire face.

Les disparités se font également jour dans les territoires. La rétractation marquée de l’activité sur le Grand Nouméa donne le ton à la tendance générale. Néanmoins, quelques signes de rebond semblent s’esquisser sur la zone VKPP et, toute proportion gardée, les Iles Loyauté et le nord de la province Sud, qui présentent des indicateurs plus positifs.
Si le secteur de l’artisanat a bien résisté dans un contexte économique plus difficile depuis 2015, il semble marquer le pas en 2018 avec des indicateurs orientés négativement pour la plupart.
Les entreprises se voient donc contraintes de poursuivre les efforts d’adaptation engagées en 2017 dans cette période marquée par la morosité :

  • Développement commercial et attention portée quant à la qualité des prestations pour entretenir une notoriété,
  • Ajustement des prix, recouvrement clients, apport de fonds propres et diminution des dépenses pour juguler une dégradation de la trésorerie,
  • Recours moindre à la sous-traitance,
  • Maintien de l’investissement et orientation en priorité vers l’appareil productif et les véhicules professionnels.

Les perspectives demeurent optimistes pour 7 artisans sur 10 concernant l’année en cours. Les projections sont avant tout à un maintien de l’activité. Par ailleurs, les effets de la mise en application de la TGC, réforme majeure de 2018, ne semblent pas être redoutés, et ce dans un contexte post référendum bientôt marqué par l’échéance des élections provinciales prévues au second trimestre 2019.