Créé le 26/09/24
Mise à jour le 26/09/24

La Présidente, Élizabeth RIVIÈRE, de la CMA-NC a récemment rendu visite aux artisans mondoriens pour comprendre leur situation, partager leurs inquiétudes, examiner comment ils parviennent à surmonter cette crise et mettre en place des solutions. Depuis le début des émeutes, la route provinciale menant au Mont-Dore Sud est bloquée, coupant cette zone de Nouméa. La seule solution pour rejoindre la ville réside dans des navettes maritimes. Chaque jour, plus de 1200 personnes empruntent ces navettes, dont certaines se lèvent dès 4 heures du matin pour attraper le premier bateau à 6h30. De plus, les conditions climatiques peuvent perturber, voire suspendre les traversées, compliquant encore plus les déplacements.

Cette situation met sous pression les entreprises du Mont-Dore, en particulier les artisans. Les difficultés d'approvisionnement et de gestion quotidienne ne cessent de croître.

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Des artisans en difficulté face à une situation intenable

La Présidente de la CMA-NC a pu rencontrer des artisans de secteur différents. Plusieurs témoignent de leurs difficultés grandissantes Mme Le Roux, coiffeuse au Salon Hélène Coiffure Service, illustre bien la situation.

"Nous avons dû adapter nos horaires pour rester en activité", explique-t-elle, contrainte d’étendre ses jours d’ouverture et accueillant désormais des clients du lundi au samedi au lieu du mardi au vendredi. Elle constate également l’impact social de cette situation : "Les clients âgés souffrent de l'isolement, car les transports compliquent les visites de leurs familles, et pour les salariés, l’épuisement est palpable. Certains s'endorment même au bac de lavage après avoir fait la queue pour les navettes."

Sur le plan logistique, Mme Le Roux s'en remet à son mari pour les livraisons hebdomadaires de ses commandes, puisque les fournisseurs ne peuvent plus accéder directement à la zone. "Tous les commerces de la zone ferment à 16h, ce qui complique encore plus notre organisation," confie-t-elle.

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Un garagiste pris dans l'engrenage de la pénurie de pièces

M. Solal Roux, garagiste, voit son activité maintenue malgré les obstacles : "Les véhicules sur Mont-Dore Sud continuent de nécessiter des réparations et des révisions, même si l’accès est difficile." Cependant, l'approvisionnement en pièces détachées reste une difficulté. Il a néanmoins de la chance de pouvoir compter sur un commercial, qui lui permet de gérer l'approvisionnement. M. Roux déplore n'avoir reçu le Fonds de Solidarité aux Entreprises (FSE) que durant le premier mois de la crise. "C’est insuffisant pour soutenir les mois suivants, surtout dans une situation aussi précaire."

Les boucheries du Mont-Dore tentent de rester à flot

À la boucherie Comptoir du Mont Dore, les deux cogérantes, qui ont racheté l'établissement de M. Léoni, font face à une autre difficulté : un sous-effectif. Leur salarié habituel est malade et elles ont dû faire appel à M. Hensen Sefo, un intérimaire, pour assurer l’ouverture chaque matin. Néanmoins, le manque de personnel continue de mettre l'entreprise sous tension. 

Quant à la Boucherie du Sud, située dans le Casino du Mont-Dore, Kevin, le responsable, fait face à des défis logistiques majeurs concernant l’approvisionnement en viande. "Nous recevons une carcasse de bœuf par semaine, mais pour le porc, une seule carcasse ne suffit pas à tenir la semaine," explique-t-il. L’approvisionnement en porc est actuellement assuré par Sylvie Birot, éleveuse sur le Mont-Dore, qui fournit huit porcs par semaine. L’OCEF en livre la moitié, tandis que l'autre moitié provient directement de Mme Birot afin de maintenir une relation privilégiée avec l’élevage local. Cependant, cette organisation reste insuffisante pour répondre à la demande.

La boucherie a également dû licencier deux salariés en raison de la baisse d’activité. En plus de ces problèmes, l’insécurité croissante sur la route du Casino Mont-Dore vers Plum rend les livraisons et le transport des marchandises plus risqués.

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Des initiatives pour survivre malgré tout

De son côté, Mme Elisabeth Robic, responsable de l'entreprise Les Allamandas, qui travaille avec son fils Frédéric Huguet, diplômé en chocolaterie bio, tente de s'adapter à la situation. Elle souligne que les fermetures précoces des magasins à 16h paralysent une partie de leur activité. De plus, l'approvisionnement en gaz, indispensable à leur production, est de plus en plus irrégulier. Concernant la viande hachée, les prix s'envolent : "Nous avons dû trouver de nouveaux fournisseurs comme Sodevia et La Française pour tenter de maintenir nos coûts d'avant, mais c'est un défi quotidien."

Pour pallier ces obstacles, Mme Robic a entrepris de vendre des brochettes sur le bord de la route, une initiative tolérée par la mairie en ces temps difficiles. Par ailleurs, elle planifie la création d'une roulotte pour diversifier ses activités et continuer à servir la communauté locale.

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L'institut de beauté en plein essor malgré les contraintes

Contrairement à d’autres secteurs, l’activité de Mme Catherine Contal, propriétaire de l’institut de beauté AQUAR'ELLE, est en hausse. "La population ne pouvant pas se déplacer librement vers Nouméa, de nombreuses personnes choisissent de rester sur place pour profiter de nos services," explique-t-elle. Son équipe, composée d’une salariée et de deux alternantes, est actuellement très sollicitée pour répondre à cette demande accrue. Les rencontres régulières avec son équipe montrent un dynamisme certain, malgré la tension générale ressentie dans la zone.

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Une situation qui appelle à des solutions rapides

La situation des artisans et des entreprises du Mont-Dore Sud illustre les nombreuses difficultés générées par l'isolement géographique depuis la fermeture de la route en juillet. Si les navettes maritimes permettent de maintenir un semblant de normalité, leur coût élevé et l'impact sur les activités commerciales appellent des mesures urgentes. L'engagement des acteurs locaux et des pouvoirs publics sera essentiel pour éviter que cette situation ne perdure et pour soutenir une économie locale déjà en souffrance. La CMA-NC, et sa présidente (résidente du Mont-Dore), prennent pleinement part à cette recherche de solutions.