Créé le 8/10/24
Mise à jour le 21/10/24

Témoignages et perspectives d’avenir

Le Centre de formation de l’artisanat a relancé en septembre sa formation en alternance CAP Fleuriste.  À l’occasion de cette reprise, la Présidente de la CMA-NC Élizabeth RIVIÈRE s'est rendue sur le terrain les 30 septembre et 1er octobre. Après une visite sur le site de formation du CFA à l’école Adolphe Boutan, elle a rencontré plusieurs fleuristes afin de comprendre les défis auxquels ils font face, notamment dans un contexte de crise économique et sociale due aux événements de mai dernier.

Cette visite lui a permis non seulement de soutenir la formation en alternance, mais aussi d’écouter les témoignages poignants des artisans, fortement impactés par la crise économique, les émeutes de mai et un marché en difficulté.

ANGAREK - Mme Mireille LEVI : "La crise est devenue notre quotidien."

Mme Mireille LEVI, propriétaire de la boutique ANGAREK, évoque avec émotion les épreuves accumulées. "C’est la troisième crise que je traverse", dit-elle, en faisant référence à la crise économique concommitente à l’instauration de la Taxe Générale sur la Consommation (TGC), à la pandémie de COVID-19, puis aux émeutes récentes. "On est toujours debout, mais pour combien de temps ?" Sa boutique, qui dépend fortement de rendez-vous annuels comme celui de la fête des mères, a subi une perte colossale cette année : "Habituellement, cette fête représente 50 % de notre chiffre d'affaires annuel. Cette année : zéro !"

Mme LEVI souligne également la disparition de nombreux fleuristes autour d'elle, comme l’entreprise LES FLEURISTES La crise du secteur, déjà amorcée avant les émeutes, a été aggravée par les difficultés liées aux fournisseurs. "Il n’y a plus d’importations, et notre seul fournisseur local, est maintenant en concurrence directe avec nous en vendant des compositions florales en supermarchés."

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FLOWERSHOP - Aurélie-Anne GUILLAUME : "Pas de perspectives, pas de certitudes."

Pour Aurélie-Anne Guillaume, propriétaire de FLOWERSHOP, la situation est tout aussi préoccupante. Elle fait état d'une baisse de chiffre d'affaires de 70 % depuis que sa boutique historique à Carrefour Kenu'In a été incendiée lors des émeutes. "On avance un pas après l’autre, mais sans perspectives, ce n’est pas rassurant" confie-t-elle. Aurélie-Anne a dû réduire de moitié son équipe, passant de dix à cinq employés.

Elle souligne que la concurrence des supermarchés, qui vendent des bouquets prêts à l'emploi, aggrave encore les difficultés. De plus, la question des parkings en ville rend l'accès aux boutiques encore plus compliqué pour les clients. « Quant aux assurances, bien que la liste des dégâts ait été transmise, aucune prise en charge claire n’a encore été définie. Elles disent oui, mais les modalités restent floues », explique-t-elle. Comme de nombreux artisans, elle se retrouve face à un dilemme : "Dois-je commander du matériel pour relancer l’activité ou régler les cotisations à la CAFAT et la CRE ?"

Lors de la visite, la Présidente a aussi pu observer la formation en alternance en cours dans l’entreprise. Simone HALUATR, alternante, est encadrée par la formatrice Peguy SZKUDLAREK. "L’apprentissage est essentiel pour notre métier, mais il reste coûteux," explique Aurélie-Anne », mentionnant que « la matière d'œuvre est entièrement prise en charge par le magasin, et qu’un budget de 40 000 CFP est nécessaire pour les examens, afin de respecter le référentiel. C’est un investissement indispensable, mais dans le contexte actuel, c’est compliqué."

Aurélie-Anne souligne aussi les défis administratifs. "Deux personnes voulaient passer l’examen en candidat libre cette année, mais malgré un dépôt dans les délais, le Vice-Rectorat a refusé." Elle mentionne aussi Marjorie, une employée de la boutique, qui souhaite entamer une Validation des Acquis de l'Expérience (VAE). "La formation est cruciale, mais les obstacles sont nombreux, que ce soit pour les examens ou pour l’alternance", conclut-elle.

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LES MYOSOTIS - Mme FELOMAKI : "Les clients veulent toujours plus, mais ne veulent pas payer."

Mme Felomaki, à la tête de LES MYOSOTIS et âgée de plus de 70 ans, exprime une grande lassitude. Elle se retrouve face à une clientèle de plus en plus exigeante "Les clients demandent toujours plus, mais ils rechignent à payer pour ce plus " raconte-t-elle, avec une pointe de résignation. Elle observe également une baisse des dépenses lors des décès, un marché pourtant essentiel pour les fleuristes. "Les familles créent désormais des urnes à dons plutôt que d’acheter des fleurs."

Si sa boutique a été épargnée de graves destructions grâce à la vigilance des voisins, elle n’a pas échappé aux multiples tentatives de vol de la caisse. "C'est difficile de voir l’avenir dans de telles conditions", conclut-elle.

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FLEUR D'ORANGER - Mme Johanna PLANTAZ : le courage de repartir

Mme Johanna Plantaz, après 10 ans d’activité dans le quartier Tuband, a connu des attaques répétées sur sa boutique FLEUR D’ORANGER avant d'être finalement contrainte de travailler depuis chez elle suite aux émeutes. Elle a finalement pris la décision de rompre son bail avec la SIC en mettant son entreprise en liquidation. "C’était ma seule solution pour mettre fin à cette situation bloquée." Malgré ces difficultés, Johanna a pu ouvrir un nouveau point de vente grâce à un bail négocié dans la galerie du Hilton. "On rouvre dans trois semaines. C’est un nouveau départ, et on y croit", affirme-t-elle avec détermination.

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HAPPY FLOWER - Laura-Mary RIVIERE : "L’insécurité, c’est le pire."

Pour Laura-Mary Riviere, propriétaire de HAPPY FLOWER, la situation est tout aussi incertaine. "Ma boutique a été en partie détruite pendant les émeutes, et les vols se poursuivent. On fonctionne aujourd’hui à seulement 30 ou 40 % de notre chiffre d’affaires habituel", explique-t-elle. Elle souligne que malgré ses efforts pour maintenir son activité, les défis restent nombreux, notamment avec leur fournisseur qui a augmenté ses prix une à deux fois par an.

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Actions de la CMA-NC : un soutien indispensable

Face à ces témoignages alarmants, la CMA-NC ne reste pas inactive. Plusieurs actions sont en cours pour soutenir le secteur floral calédonien :

  • Soutien aux entreprises artisanales : La CMA-NC s'engage à lutter contre la position dominante de Multiflora, principal fournisseur local, et à étudier des solutions pour diversifier l'offre de produits locaux, notamment en revenant à la vente de fleurs en vrac dans les supermarchés.
  • Accompagnement des entreprises en difficulté : Un suivi particulier est prévu pour les entreprises en liquidation ou en difficulté avec leurs baux, comme le cas de Mme Plantaz avec la SIC.
  • Soutien à la formation : La CMA-NC continue d'appuyer la formation des futurs fleuristes en alternance, et un travail de fond est en cours pour faciliter les démarches administratives, notamment en matière de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Le secteur floral, en proie à de multiples crises, montre néanmoins une résilience forte grâce à la détermination de ses artisans. La CMA-NC reste un acteur clé dans cet effort de reconstruction, visant à redonner aux fleuristes calédoniens des perspectives.